étendard de l'urbanisation
Le projet de construction par des entreprises chinoises de la ville de Kilamba Kiaxi en Angola représente une phase d'apprentissage pour les stratégies africaines d'extension urbaines. par Ni Tao
La première phase de Kilamba Kiaxi met à disposition 20 000 appartements. Le taux d'occupation est supérieur à 90 %.
Mu Changchun, Directeur, Bureau exécutif, CITIC Construction,division régionale de l'Afrique
AUpARAVANT, dans la vie d'Alexandre, le
moment le plus difficile était le trajet quotidien de quatre heures à travers le centre-ville embouteillé de Luanda, la capitale de l'Angola. Résidant à présent dans la nouvelle ville de Kilamba Kiaxi, à 30 km au sud de Luanda, il peut enfin apprécier le calme et l'ordre de la ville-satellite.
? Avec des infrastructures performantes et un bon réseau de service public, nous n'avons pas à nous inquiéter de pannes d'eau ou d'électricité, qui sont fréquentes à Luanda ?, explique-t-il. ll peut en outre envoyer ses enfants dans des écoles de la ville.
Aussi appelée ? ville nouvelle ?, Kilamba Kiaxi est l'étendard de l'urbanisation du pays. Cette zone autrefois rurale et isolée a vu se développer un quartier résidentiel moderne, avec des immeubles d'habitation peints en bleu, vert et jaune, bordés de jardins et de grands boulevards. Les habitants passent leur temps libre dans les parcs et les terrains de football. L'ensemble contraste nettement avec les rues chaotiques et bondées de Luanda.
La capitale, prévue à l'origine pour loger 350 000 personnes, en abrite aujourd'hui 6,5 millions, soit environ un tiers de la population du pays, dont beaucoup vivent dans des conditions très difficiles.
L'Angola a souffert d'une guerre civile de 27 ans,pendant laquelle beaucoup de personnes ont d? quitter leurs maisons pour se réfugier vers la capitale. à la fin de la guerre, en 2002, la population a continué à quitter les campagnes pour les villes en quête de meilleures opportunités. Cette urbanisation a causé de nombreux problèmes sociaux, une grande partie de la population manquant d'un logement correct et d'un accès aux services de base comme l'électricité ou l'eau.
Pour résoudre cette crise et promouvoir le développement socio-économique, le gouvernement angolais a décidé en 2008 de construire un million de logements à Luanda dans le cadre d'un plan national de logement social. ll a en outre lancé le projet d'une ville satellite dans le district de Kilamba Kiaxi, l'un des six districts urbains constituant la municipalité de Luanda.
Avec un investissement de 10 milliards de dollars, la ville nouvelle de 54 km2est con?ue pour loger 500 000 personnes. Le projet a été divisé en trois phases. La première, prise en charge par China lnternational Trust and lnvestment (ClTlC) Construction et 29 autres entreprises,a été achevée en 2012 après quatre ans de construction,pour un co?t de 3,5 milliards de dollars.
Kilamba Kiaxi,l'étendard de l'urbanisation en Angola
Cette première phrase s'étend sur 8,8 km2et compte 710 immeubles d'habitation, 8 lycées, 9 écoles primaires et 24 crèches. Elle possède 400 km de nouvelles routes,deux postes électriques, des magasins, des parcs, des églises, une station d'essence et un poste de police. Elle comprend également des infrastructures pour le commerce et la communication, des stations de drainage et d'épuration des eaux, formant un réseau urbain complet.
? La première phase de Kilamba Kiaxi met à disposition 20 000 appartements ?, explique Mu Changchun, directeur du Bureau exécutif de la division régionale de l'Afrique à ClTlC Construction. ? Le taux d'occupation est supérieur à 90 %. La seconde phase, avec des h?pitaux et des centres commerciaux et culturels, sera lancée prochainement. ?
La première phase de Kilamba Kiaxi couvre 8,8 km2et compte 710 immeubles d'habitation
Pour beaucoup de résidents, habiter à Kilamba Kiaxi apporte un calme et une stabilité bienvenue. Antonio Luvualu de Carvalho,professeur de relations internationales à l'Université Lusiada d'Angola, a acheté unappartement dans la nouvelle ville. ll explique que la construction de Kilamba Kiaxi joue un r?le important dans la promotion et la stabilisation du développement économique et l'amélioration des niveaux de vie, alors que l'Angola tente de se reconstruire après la guerre.
La famille de Céline, cuisinière de 40 ans, s'est installée dans la nouvelle ville en février 2014. Auparavant,elle louait un appartement qui lui co?tait 1 000 dollars par mois. Puis une mesure gouvernementale lui a enfin permis d'acheter un appartement trois pièces pour seulement 400 dollars par mois pendant 15 ans. L'lnstitut Sud-Africain des Affaires lnternationales (SAllA) a déclaré dans un rapport d'avril 2014 que les prix iraient de 70 000 dollars pour un deux-pièces à 180 000 dollars pour un quatre-pièce, soit environ 20 % de moins que la moyenne des prix dans le centre de Luanda.
Des enfants jouent dans les alentours de la ville nouvelle de Kilamba Kiaxi
Le président de l'Angola, Jose Eduardo dos Santos, s'est rendu plusieurs fois à Kilamba Kiaxi pendant sa construction. ll a loué le projet comme étant un joyau de la reconstruction d'après-guerre, et un modèle pour l'ensemble du pays. En tant que modèle de logement social réussi, la ville a attiré la visite de dizaines de chefs d'état, y compris le président chinois Xi Jinping. Lors de sa visite en Angola en novembre 2010, Xi, alors vice-président, a visité le site en construction.
Wu Zhixin, ingénieur en chef de la division régionale Africaine de ClTlC Construction, a affirmé que la conception de cette ville moderne était basée sur 30 ans d'expérience chinoise de la construction urbaine, ainsi que sur la situation particulière de l'Angola.
Les entreprises chinoises ont rencontré plusieurs problèmes, dont le plus important était le manque de matériaux de construction. Selon Liu Guigen, président de la division régionale de l'Afrique à ClTlC Construction,les entreprises avaient besoin de 5 tonnes de barres de fer, 1,2 million de tonnes de ciment, 2,2 tonnes de sable,2,3 tonnes de pavés, pour ne citer que les matériaux principaux. ClTlC a donc investi dans 14 entreprises et ateliers locaux afin de produire les matériaux et l'équipement nécessaires.
Le projet de logement a également créé des opportunités d'emploi pour les agriculteurs locaux. Durant les quatre dernières années, ClTlC a employé 55 000 travailleurs angolais. à présent, plus de 15 000 Angolais travaillent pour des projets de ClTlC dans le sud de l'Afrique,représentant plus de la moitié de la main d'?uvre totale de l'entreprise dans la région. ClTlC a en outre entamé la construction de 13 villes nouvelles dans neuf provinces angolaises. CA
(Reportage d'Angola)