Investir judicieusement
Engagement économique entre la Chine et le Zimbabwe par Herbert Moyo
Les aires de coopération entre le gouvernement et le ICC-NDRC comprennent la réforme des entreprises d'état, l'établissement de zones économiques spéciales et la promotion de la croissance pour les petites et moyennes entreprises.
Christian Katsande, Secrétaire général adjoint au Bureau du Président et du Cabinet du Zimbabwe
LA Chine et le Zimbabwe ont marqué cette
nouvelle année par des engagements économiques cruciaux pour le développement de cette nation d'Afrique du Sud, qui sort de deux décennies de déclin.
Les deux pays préparent le terrain pour l'investissement chinois dans différents secteurs de l'économie du Zimbabwe. Les premiers échanges sont destinés à accomplir une réforme des organisations publiques à travers le renforcement de capacité, le management des finances publiques, la limitation des fuites financières et l'éradication de la corruption.
Le gouvernement du Zimbabwe, qui n'a pas réussi à obtenir les 27 milliards de dollars dont il avait besoin pour mettre en place l'Agenda Zimbabwéen pour la Transformation Socio-Economique Durable (ZimAsset), a signé l'année dernière une série de mémorandums d'entente(MOU) avec la Chine. Ces mémorandums impliquaient notamment une coopération dans la mise en place de projets d'infrastructures dans des secteurs tels que l'énergie, l'eau, les télécommunications et les mines. Ces MOUs ont été signés lors de la visite du président zimbabwéen Robert Mugabe en Chine en ao?t dernier.
Cependant, la Chine a constaté avec inquiétude que la plupart de ces projets n'avaient toujours pas vu le jour en raison de la mauvaise gestion des organisations publiques au Zimbabwe.
à partir de janvier, deux délégations chinoises de haut niveau ont visité le Zimbabwe, à commencer par le Centre de Coopération international de la Commission nationale pour le Développement et la Réforme (lCCNDRC), conduit par son directeur Cao Wenlian.
? La Chine est notre amie quelles que soient les circonstances. Elle nous a soutenue lors de la lutte pour la libération et depuis notre indépendance ?, a affirmé le ministre de la Planification économique du Zimbabwe,Simon Khaya Moyo lors d'un entretien téléphonique.
? Elle comprend la situation difficile dans laquelle nous sommes, en raison des sanctions économiques illégales qui nous sont imposées par les pays européens depuis plus d'une décennie. Elle comprend également notre programme économique conduit par ZimAsset. ?
? Le principal objectif de cette visite était d'évoquer une série de questions concernant le développement économique du Zimbabwe et de proposer des solutions à partir de l'expérience chinoise de développement ?, a expliqué Christian Katsande, secrétaire général adjoint au Bureau du Président et du Cabinet.
? Les aires de coopération entre le gouvernement et le lCC-NDRC comprennent l'échange d'expérience et de connaissances pour la création de plans quinquennaux de développement, la réforme des entreprises d'état,l'établissement de zones économiques spéciales et la promotion de la croissance pour les petites et moyennes entreprises ?, a-t-il ajouté.
Sont également au programme la recherche sur la politique économique stratégique ainsi que la planification, la coordination, le contr?le et l'évaluation des politiques gouvernementales.
En février, le conseiller d'état chinois, Yang Jiechi,accompagné par d'autres membres du gouvernement,s'est rendu au Zimbabwe pour poursuivre les discussions entamées lors de la visite du lCC-NDRC. lls ont rencontré le président Mugabe et le vice-président Phelekezela Mphoko, afin de promouvoir la mise en place des accords signés par le président chinois Xi Jinping et le président Mugabe.
Le bruit a couru dans les médias zimbabwéens que la Chine rechignait à aider le Zimbabwe en raison de seshauts niveaux de corruption et ses mauvaises pratiques de gouvernance.
Dans un rapport intitulé Comptes des affectations et fonds divers, autorités locales, entreprises d'état et organisations publiques, Mildred Chiri, contr?leur et vérificateur général du Zimbabwe, a révélé des détournements de fonds endémiques, des dépenses non autorisées ainsi que la possibilité d'une sous-évaluation des revenus collectés par les ministères de tutelle. Plusieurs entreprises d'état et ministères sont mis en cause pour leurs dépenses exagérées, leur incapacité à répondre de leur financement et leurs mauvaises pratiques de gouvernance.
Le Zimbabwe a besoin d'investissements afin d'améliorer ses infrastructures
Les officiels chinois et zimbabwéens insistent sur le caractère positif du modèle d'aide chinois en Afrique,comparé à celui des pays occidentaux et d'institutions comme le Fonds Monétaire ou la Banque Mondiale.
L'aide occidentale est en effet considérée au Zimbabwe et dans d'autres pays africains comme normative et conditionnelle, tandis que les Chinois s'engagent sur un pied d'égalité et tentent de développer des échanges mutuellement bénéfiques.
Selon l'ambassade chinoise au Zimbabwe, ? la Chine estime que chaque pays doit suivre sa propre voie de développement, selon ses conditions propres ?.
Dans un email à CHINAFRIQUE, l'ambassade a écrit :? Nous croyons que les Zimbabwéens auront le bon sens de trouver la voie de développement qui leur convient le mieux, et la Chine sera heureuse de les aider en partageant son expérience et en offrant son assistance en termes de capacités... Contrairement à ce que rapportent certains médias locaux, la Chine n'imposera jamais sa voie de développement ou son expérience au Zimbabwe ou à n'importe quel autre pays. ?
Les deux pays ont une longue histoire de coopération économique et politique mutuellement bénéfique,qui date des années 1960, lorsque la Chine a offert son aide militaire en termes de formation, de logistique et d'équipement, ainsi que de direction idéologique au Front Patriote de l'Union nationale africaine du président Mugabe, alors connu sous le nom d'Armée de libération nationale africaine du Zimbabwe.
Plus récemment, l'ambassadeur de Chine au Zimbabwe, Lin Lin, a affirmé que son pays avait aidé le Zimbabwe sous forme de prêts préférentiels et concessionnels à hauteur d'un milliard de dollars. Les projets ainsi financés comprennent le Collège de Défense National, la rénovation de l'aéroport de Victoria Falls et l'extension de la centrale électrique de Kariba South.
? Depuis 2010, le Zimbabwe a également re?u plus de 100 millions de dollars de la part de la Chine sous forme de subventions et de prêts sans intérêt ?, a ajouté Lin, expliquant que le Zimbabwe avait re?u plus que n'importe quel autre pays d'Afrique ? car nous comprenons qu'il fait face à de sérieux problèmes et qu'il a besoin d'aide de la part de son ami chinois ?. CA
(Reportage depuis Zimbabwe)